25 octobre 2023
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Elsa Génard, « Sur le seuil de la prison de Laon », Crime, Histoire & Sociétés, ID : 10.4000/chs.3408
À partir d’un corpus de 605 individus écroués entre 1912 et 1939 dans la maison de correction de Laon, cet article propose conjointement une sociographie des condamnés et une analyse de leurs modalités d’incarcération. Après avoir montré que les prisonniers et les prisonnières appartiennent aux classes populaires défavorisées de l’Aisne, l’article s’attache à décrire les clivages qui structurent la population pénitentiaire laonnoise. À un groupe particulièrement désaffilié s’oppose un ensemble d’individus pouvant témoigner de gages d’insertion sociale. Ces distinctions socio-pénales permettent, dans un second temps, d’éclairer les différentes voies qui mènent aux portes de la prison de Laon. Quatre types d’entrée sont distingués, en fonction de la vitesse d’exécution des décisions judiciaires et de la présence ou non d’un agent des forces de l’ordre. La détention préventive, la coercition rapide, la coercition retardée et la constitution volontaire dessinent une gamme élargie de l’expérience du pouvoir de l’État dans la France du premier XXe siècle. Loin de se réduire à l’application mécanique d’une procédure, l’incarcération apparaît comme une pratique sociale qui n’offre pas les mêmes marges de manœuvre à tous les individus.