4 juillet 2013
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Nadège Mazars, « Entre « chamanisme » et politique », Civilisations, ID : 10.4000/civilisations.3264
En retraçant l’histoire d’Edinson A., cet article s’interroge sur les relations entre « chamanisme » et politique, et sur les conditions sociales d’émergence d’un discours appuyant la construction d’une autonomie territoriale et politique des communautés autochtones dans le Cauca colombien. Éduqué par les religieux afin qu’il oublie ses origines, puis s’engageant dans les récupérations de terres des années 1980, il devient combattant de la guérilla autochtone Quintín Lame pour revenir dans les années 1990 à l’apprentissage du rôle social qu’on lui avait prédit dès ses treize ans, à savoir thê’wala, ou figure du « chamane » chez le peuple nasa. Sa trajectoire permet d’illustrer l’articulation de luttes pour la redistribution et pour la reconnaissance, bases des mobilisations autochtones, et les processus d’ethnogenèse qui appuient la pratique et l’action politique. En effet, Edinson est aussi l’un des promoteurs de la « médecine traditionnelle » dans le cadre d’un organisme d’affiliation à la sécurité sociale géré par l’organisation autochtone départementale, le CRIC. En défendant une pratique autre de la santé, l’organisation cherche à obtenir des ressources supplémentaires et à faire reconnaître sa capacité à gouverner. Dans un même mouvement, elle légitime son intervention auprès des communautés en contribuant à construire leur autonomie.