11 septembre 2018
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Delphine Burguet, « Les ancêtres aiment boire du rhum ! », Civilisations, ID : 10.4000/civilisations.4448
A Madagascar, les rituels magico-religieux orchestrés par les devins-guérisseurs sont mis en scène dans le respect des codes cultuels. Certaines substances sont considérées comme nécessaires au bon déroulement et au caractère efficace de l’action : parmi elles, le rhum, qui est utilisé à la fois en libation et en boisson. Ainsi, sa consommation par les maîtres rituels ou les médiums s’inscrit dans une pratique sociale légitimée, à caractère positif car elle valorise la puissance et la maîtrise dans un état alcoolisé. Parmi ces maîtres, ceux qui boivent de l’alcool sans montrer un état d’ivresse sont considérés comme des spécialistes confirmés. Néanmoins, le terrain ethnographique qui articule observations, entretiens et prises de vue photographiques et filmiques amène à interroger l’ivresse qui s’ensuit de la consommation de rhum. La question traitée est celle d’une relecture et d’un décentrement du regard ethnologique sur les pratiques du boire. Alors que l’ivresse semble mesurée et de fait indécelable dans l’action rituelle, elle est repérable dans un contexte distancié et éloigné de l’expérience du terrain ethnographique. Cette réflexivité travaille l’idée d’une hiérarchisation des données qui influence la production de l’analyse ethnologique.