Souvenirs sur écran

Résumé Fr En

Cet article explore un aspect méconnu de la première bédéphilie française : l’usage de la diapositive comme support de réédition. Le projet bédéphilique s’oriente très tôt en direction d’une remise en circulation de récits indisponibles. Or avant les rééditions papier, c’est la diapositive qui est mobilisée pour ses qualités techniques et, paradoxalement, pour sa capacité à se rapprocher de l’expérience vécue dans l’enfance. Alors que les travaux sur la bédéphilie ont mis l’accent sur l’inscription de ces communautés d’amateurs dans une démarche philique, cet article suggèrent d’autres séries culturelles. L’usage des diapositives témoigne ainsi de l’existence d’une autre forme d’amour amateur, davantage inscrit dans la modernité technique et dans une culture du bricolage.

This paper dives into a little-known aspect of early French bédéphilie: the use of slides as a medium to recirculate comics. From the outset, the fans gathered in the Club des bandes dessinées focused on bringing out-of-print stories back into circulation. But before paper editions, they used slide projectors for their technical qualities and, paradoxically, for their ability to approximate the experience of childhood. While approaches to comics fans have mostly focused on the struggle for comics’ cultural recognition, this article suggests that other cultural series shaped the movement. The use of slides demonstrates that some of these fans expressed their love for old comics not only by displaying or commenting them, but also by manipulating and building devices to play with them. Technical modernity and DIY culture therefore played a role in this first generation of bédéphiles.