Le conflit tchétchène à l’épreuve de la reconnaissance

Résumé Fr En

L’article revient sur le conflit russo-tchétchène en faisant l’hypothèse que la question du déni de reconnaissance a eu une importance centrale dans la transformation d’un conflit politique en conflit armé. La reconnaissance est envisagée tant du point de vue des qualifications dont il a fait l’objet que des enjeux symboliques qui ont marqué les relations entre les deux parties. Une première partie explique comment le fait de ne pas qualifier ce conflit comme guerre produit des effets sur son déroulement. Une deuxième partie analyse l’affirmation identitaire tchétchène dans les différentes phases du conflit en revenant sur le temps long et sur la dimension coloniale des relations russo-tchétchènes, face aux diverses labellisations qui lui assignent des enjeux décalés. La conclusion interroge le recours au droit, moins dans le cadre d’une justice transitionnelle « post-conflit » que comme un levier majeur, voire le seul possible en termes de recherche de qualification et de reconnaissance des crimes commis pendant le conflit.

The article addresses the issue of recognition in the case of the Russo-Chechen conflict. The main hypothesis is that the denial of recognition played a central role in the way a political conflict developed into an armed war. We tackle the recognition issue from two points of view: firstly, we analyse how not recognising the conflict as a war impacts on the conflict development itself. Secondly, we try to show how identity issues are exacerbated by exo-labellisations, while historical and colonial background are set aside as secondary stakes. In conclusion, we question the quest for justice for crimes perpetrated against civilians as the main surrogate for recognition in a post war situation where neither transitional justice nor reconciliation policies have been implemented.