28 juillet 2021
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Lisa Carayon et al., « Les morts encombrants », Cultures & conflits, ID : 10.4000/conflits.22538
À partir de cinq études de cas, ce dossier revient sur le traitement politique de cadavres jugés collectivement problématiques en raison de leur nombre ou des conditions de leur mort : il peut s’agir des corps de victimes de crimes de masse, de ceux de terroristes tués au cours de leur attaque, ou encore de corps dont les tombes sont délibérément occultées ou exhibées en raison de leur nationalité. Ces cadavres ont en commun de poser problème aux responsables des États-nations, qui ne peuvent en disposer aisément : ils sont absents, introuvables ou mal identifiés, ou sont au contraire présents mais « indésirables », au point qu’on leur refuse une sépulture ou qu’on cherche à l’occulter. Les différentes contributions décrivent le travail de politisation de ces corps problématiques, mais elles montrent aussi et surtout les limites de ce travail : parce qu’il s’agit largement ici de traiter des corps « vils », leur traitement parvient rarement à devenir une controverse de grande ampleur. This special issue brings together five case studies to analyze the political treatment of dead bodies deemed “problematic”, due to their number or the conditions of their demise. They may be the bodies of victims of mass crimes, of terrorists killed in the course of their attacks, or bodies buried in graves that may be either hidden or exposed, according to their nationality. They have in common that they pose a problem for nation-state authorities, who cannot easily deal with such bodies: some may be absent, untraceable or poorly identified; others, on the contrary, are present but are ‘unwanted’ to the point that they are denied a grave or may only receive a discreet one. The different contributions gathered here describe the collective politicization of these problematic corpses – but above all, they show its limits: because these bodies have been considered as “vile”, their treatment never becomes the issue of a major controversy.