28 octobre 2021
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Anne Dölemeyer et al., « Entre coopération et conflit », Cultures & conflits, ID : 10.4000/conflits.22882
La lutte contre la traite est devenue un champ d’action étatique dans lequel s’entremêlent logiques humanitaire, sociale et d’assistance d’une part, et logiques pénales d’autre part, leurs exigences parfois contradictoires devant être conciliées. La négociation de ces deux logiques au niveau de la street-level bureaucracy se retrouve généralement dans la répartition des responsabilités entre les autorités pénales d’une part, et les acteurs en charge de l’aide aux victimes d’autre part. Cet article propose d’étudier, à la lumière du cas allemand, les conditions de la coopération par essence conflictuelle entre des unités de police qui combattent la traite des êtres humains dans une perspective de droit pénal et des centres de consultation non gouvernementaux destinés aux victimes de la traite, qui suivent une logique sociale et de droits humains, et sont souvent critiques envers les autorités gouvernementales répressives. Il s’agit ici de saisir ce qui rend possible cette coopération a priori improbable en mettant notamment en lumière le rôle décisif de la « confiance » dans ce contexte : elle permet en effet l’échange d’informations, mais peut également s’y substituer, et allier ainsi de manière productive coopération et distance. Les accords de coopération écrits aident à sécuriser cette confiance en clarifiant les responsabilités de chaque famille d’acteurs mais aussi en donnant un cadre, outre à la coopération, à des formes de distance et au devoir de réserve. La « confiance » reste ainsi constamment « sous-définie », ce qui permet à chacune des parties de la concevoir et de la mettre en œuvre de manière différenciée.