12 février 2024
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Pierre Rouxel et al., « Ce qu’une multinationale « citoyenne » fait aux citoyens », Cultures & conflits, ID : 10.4000/conflits.24851
Dans quelle mesure les entreprises contribuent-elles à façonner les formes légitimes de la participation politique et sociale ? Jusqu’ici peu explorée, cette question se pose aujourd’hui avec acuité. L’essor d’un capitalisme « éthique » et les efforts des entreprises pour susciter des engagements de la part de leurs salariés, dans l’orbite des politiques de « responsabilité sociale et environnementale » (RSE), viennent en effet percuter les formes classiques de citoyenneté salariale, assises sur le syndicalisme et la représentation collective du personnel. À partir d’une enquête par observations et entretiens menée sur une multinationale de la distribution sportive au Mexique, cet article met en lumière un processus de managérialisation des pratiques civiques. Plutôt que de célébrer la diversité des modes d’engagement des salariés, le management de l’entreprise procède à leur gestion différenciée et hiérarchisée : tandis que les pratiques relevant de la RSE sont valorisées et présentées comme permettant l’accomplissement de la mission citoyenne de l’entreprise, la mise en place d’une représentation collective du personnel reste largement illusoire, en dépit des encouragements induits par la réforme des relations de travail engagée par le gouvernement mexicain.