25 mai 2021
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2606-7498
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Paul Landauer, « Le sacre du stock », Les Cahiers de la recherche architecturale, urbaine et paysagère, ID : 10.4000/craup.7327
Dans le champ de l’architecture, comme dans la plupart des secteurs d’activité du monde occidental contemporain, la part fonctionnelle du stock est invisibilisée. Partout la performance du flux tendu l’emporte. Les greniers et les entrepôts ont été remplacés par les sites de logistique. Les surfaces de vente ont envahi les réserves. Les logements ont vu la part dédiée au rangement se réduire. La transparence de l’open space s’étend jusqu’au cœur des immeubles de bureaux. Pourtant, l’architecture du stock résiste. Elle rejaillit, tel le retour du refoulé, dans le logement ; s’invite dans toutes les démarches qui prônent aujourd’hui le recyclage et la résilience ; devient un enjeu de pouvoir pour reconquérir une autonomie de production ; et s’impose de manière inattendue dans certaines des fonctionnalités les plus aiguës de la société hyperindustrielle comme les data centers. Les installations du stock, hier dépréciées et aujourd’hui abandonnées pourraient bien prendre leur revanche et (re) devenir les matrices du territoire de demain. L’architecture du stock retrouverait dès lors l’aura qui a été la sienne dans un grand nombre de civilisations d’avant la modernité ; une architecture dont Bernard Rudofsky, dans son exposition doublée d’un livre, Architecture Without Architects en 1964, a révélé la capacité à répondre à quatre aspirations humaines essentielles : le besoin de monument, la recherche d’un équilibre entre nomadisme et sédentarité, le souci de conjurer les risques et la propension pour le commun.