25 mai 2021
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Nora Itri, « L’arbre des rues de Mexico : une ressource au-delà de son exploitabilité », Les Cahiers de la recherche architecturale, urbaine et paysagère, ID : 10.4000/craup.7873
La relation à la nature, dominée dans la pensée occidentale par un rapport de supériorité de l’être humain, et réglée par les mécanismes marchands à travers le monde, a engendré au cours du temps une forme de lissage des milieux citadins dans lesquels l’arbre a perdu sa qualité d’être vivant pour devenir un « objet urbain ». L’arbre des rues de Mexico défie cette logique et s’impose comme un révélateur de la continuité entre la ville et le milieu naturel. Dans ce contexte, l’arbre acquiert le statut de « médiateur », entre un environnement profondément artificialisé par l’homme et le territoire biologique sous-jacent que compose la Vallée de Mexico. Analyser cette particularité dans la constitution physique et historique de la mégapole mexicaine permet de renouveler le sens conventionnellement attribué à la notion de ressource : laissé à son existence spontanée, l’arbre des rues de Mexico supplante cette condition globale d’exploitabilité pour dévoiler la richesse de ses interactions, naturelles et culturelles, avec le milieu. De la conception originelle de Mexico par l’altepetl, « ville-milieu » des Aztèques, jusqu’à la mégapole contemporaine, l’arbre des rues traduit la continuité persistante d’un milieu naturel à travers le sol de la ville. Il est l’expression d’une forme de métissage, culturel et conceptuel, et il témoigne d’une hybridité qui caractérise Mexico depuis ses fondements. Cette singularité permet de renouveler la façon de penser le rapport entre ville et milieu, entre l’artificiel et le vivant, entre l’exploitation et l’interaction.