30 avril 2019
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Marine Roussillon, « Raconter les fêtes de cour : publier, archiver, agir », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, ID : 10.4000/crcv.17441
Les récits des fêtes ont souvent été lus comme autant de traces d’événements disparus, d’archives d’une cour dominée par l’oralité et les divertissements éphémères. À partir du cas des Plaisirs de l’île enchantée, première fête organisée par Louis XIV à Versailles, il s’agit ici de déplacer l’intérêt vers une compréhension des opérations d’archivage qu’ils mettent en œuvre : comment ils se constituent en archives de la cour et comment ce statut est utilisé dans des actions. L’article étudie plus précisément deux des opérations d’archivage qui ont constitué la relation officielle des Plaisirs de l’île enchantée : l’évocation dans le récit des pratiques d’écriture du duc de Saint-Aignan, premier gentilhomme de la Chambre du roi, et l’insertion problématique des écrits de Molière produits pour les fêtes, La Princesse d’Élide et Le Tartuffe. Il montre qu’en décrivant la cour comme un lieu dominé par les plaisirs éphémères, les récits construisent leur propre valeur d’archive et se constituent en lieu de pouvoir. S’y inscrire, comme le font Saint-Aignan et Molière, est un moyen de publier une relation personnelle avec le roi et un rôle à la cour, de conserver une faveur éphémère et de pérenniser, voire d’institutionnaliser, des positions précaires. Loin de fournir un récit transparent de l’événement, ou même un éloge hyperbolique qu’il suffirait de corriger, le livre de fêtes apparaît comme le produit composite d’actions multiples, qu’il faut situer pour en saisir les enjeux.