29 décembre 2021
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Frank Greiner, « Artémise, princesse de Carie : essai de décryptage d’un roman à clef », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, ID : 10.4000/crcv.19906
Artémise, princesse de Carie (1635) est un roman dédicacé à une proche de la reine Anne d’Autriche, Mme de Morangis. Son auteur inconnu (Georges de Scudéry ou/et sa sœur Madeleine ?), qui se dit familier de la cour royale, dépeint, sous le voile d’une histoire se déroulant dans la Perse antique, la rivalité amoureuse de deux frères ennemis où l’on peut reconnaître Gaston d’Orléans et Louis XIII. Le propos de cette étude n’est pas seulement de décrypter les allusions historiques cachées dans cette œuvre, mais de caractériser son fonctionnement spécifique comme roman à clef. Il apparaît ainsi que celui-ci ne s’identifie pas seulement à un reflet allégorique de la réalité. Son auteur s’efforce surtout par l’affabulation d’illustrer un dessein politique en accord avec l’actualité de son temps. Le roi et son frère venaient de se réconcilier officiellement en 1634 et il semble que l’écriture d’Artémise ait visé à illustrer par la fiction la recherche d’un accord entre les deux hommes par-delà leurs dissentiments. Ainsi leur rivalité est-elle constamment envisagée dans ce roman à la lumière d’un idéal de concorde. Celui-ci cependant ne parvient pas à s’affirmer pleinement : le roman est resté inachevé et les aventures d’Artémise ne parviennent pas à la fin heureuse promise dans la préface. Leur déroulement a peut-être été brisé par le renouvellement des tensions politiques opposant bientôt Gaston d’Orléans à Louis XIII et à Richelieu, après le bref épisode de son retour en grâce.