2 novembre 2022
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Rahul Kulka, « Canvases in Conversation: Charles Amédée Philippe Van Loo’s Paintings for the Private Dining Room of King Frederick II of Prussia », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, ID : 10.4000/crcv.25359
Cet article analyse trois tableaux peu étudiés que Charles Amédée Philippe Van Loo a réalisés pour la salle à manger privée de Frédéric II de Prusse au château de Potsdam en 1750. Ce groupe, aujourd’hui exposé au Nouveau Palais (Neue Palais) à Sanssouci, comprend une toile illustrant le festin de la reine Didon d’après l’Énéide de Virgile ainsi que deux œuvres plus petites représentant le pèlerinage à Cythère et une fête champêtre. Les salles à manger de Frédéric le Grand constituaient une scène de premier plan pour façonner son image de roi philosophe. C’est ici que le roi et son illustre cercle de courtisans cultivaient un type de sociabilité unique chez les princes européens en ce qu’il prônait fièrement la libre expression (tant que l’on ne parlait pas de politique et que les critiques envers le roi restaient modérées). Dans ces espaces, les peintures jouaient un rôle important de miroir et de source d’inspiration de la conversation. Pourquoi Frédéric II a-t-il choisi ces sujets et quelles conversations ces peintures pourraient-elles avoir suscité ? En me focalisant sur l’œuvre principale, le festin de Didon, je soutiens que la toile reflète les ambitions littéraires et philosophiques du roi. Deuxièmement, je suggère qu’elle est liée à l’arrivée de Voltaire en Prusse au cours de l’été 1750 et qu’elle témoigne de sa relation intime avec la duchesse du Maine, dont le Festin de Didon et Énée peint par François de Troy a servi de modèle à l’œuvre de Van Loo. Frédéric devait connaître et vraisemblablement apprécier cette référence à la célèbre arbitre du goût de Sceaux. L’article se termine par un aperçu de l’influence du festin de Didon à travers quelques objets d’art décoratif réalisés à la cour de Frédéric, soulignant l’importance du tableau pour le roi.