20 mai 2022
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Antony Kitts, « Mendiants, vagabonds et la contagion du crime en France : des représentations aux réalités sociales (1789-1914) », Criminocorpus, revue hypermédia, ID : 10.4000/criminocorpus.12005
Depuis le Moyen Âge, les figures de la pauvreté et de la marginalité ont suscité des réactions ambivalentes au sein d’une société française, tiraillée en permanence entre la compassion et la peur. Le long XIXe siècle n’échappe pas à ces sentiments pleins de préjugés à l’encontre du mendiant et du vagabond, prenant une dimension sans précédente dans les années 1880-1890 au moment où se pose avec acuité la question de la récidive. Face à cette « armée du crime », des experts en tous genres – aliénistes, médecins, psychiatres, criminologues, magistrats, policiers et journalistes – se sont emparés de cette question sociale brûlante dans un climat d’insécurité et de psychose collective. Ils les accusent ainsi de tous les maux et de toutes les plaies (maladies contagieuses, petite délinquance, vol, prostitution, etc.) pour expliquer les raisons pour lesquelles ils se complaisent dans cet état asocial, les plaçant en dehors des normes sociales dominantes. Ainsi, derrière ces discours d’exclusion et de haine, révélateurs d’une médicalisation et d’une criminalisation de l’errance, l’analyse de ces hommes et de ces femmes paupérisés et marginalisés dévoile cependant une réalité sociale plus nuancée qui se rattache aux classes populaires et ouvrières vulnérables aux soubresauts économiques et aux aléas de la vie.