11 mars 2022
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Cecilia Tasca et al., « Archives judiciaires et archives de la folie. Ou comment un repris de justice, en s’enfuyant de l’asile où il était enfermé, remit en question tout un système (Cagliari - Italie, 1854) », Criminocorpus, revue hypermédia, ID : 10.4000/criminocorpus.3243
Fruit d’une réflexion menée sur la base d’une analyse croisée de plusieurs fonds d’archives, le présent essai fait état des événements qui durant la première moitié du xixe siècle présidèrent à la création d’un service spécifiquement destiné aux aliénés au sein des structures du nouvel hôpital civil construit à Cagliari, dans l’île de Sardaigne, finalement inauguré en 1859 au terme d’un cheminement administratif particulièrement tortueux. Longuement attendue, cette innovation importante rend effective l’application sur le territoire insulaire des lois en vigueur dans le reste du royaume de Piémont, une mesure restée largement inopérante dans le domaine de la santé mentale, particulièrement délaissé par les autorités locales. Alors que les dispositions officielles prônent l’expertise psychiatrique des criminels et le suivi des maniaques furieux, la déliquescence des structures insulaires ne permet pas l’accueil de tous les aliénés, qui se voient par ailleurs réservés des traitements déjà considérés comme anachroniques. En 1854, la fuite d’un patient révèle à l’opinion publique les conditions lamentables dans lesquelles les malades psychiatriques sont pris en charge en Sardaigne. Ce fait divers très local va contraindre les autorités à réagir au plus haut niveau, déterminant ainsi non seulement la modification du projet de construction du nouvel hôpital, mais bien une remise en question profonde de la gestion des aliénés dans toute l’île.