Violence et non-violence dans les concerts rock ou la société française des années 1970 face à ses contradictions

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10 décembre 2021

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Joann Élart, « Violence et non-violence dans les concerts rock ou la société française des années 1970 face à ses contradictions », Criminocorpus, revue hypermédia, ID : 10.4000/criminocorpus.4329


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« L’espoir du “Love Power” a foutu le camp » écrit Michel Lancelot, avant d’ajouter qu’« un peu partout, la révolte s’est armée » (Campus, 1971). L’auteur décrit un état de violence dans les campus américains auquel il oppose le destin de personnalités prônant la non-violence. Cette dichotomie déborde largement le théâtre habituel des manifestations en France pour s’inviter dans les festivals Pop méridionaux ou dans quelques concerts parisiens, comme au Palais des Sports le 31 janvier 1971 où se déchaîne la violence des casseurs et des resquilleurs. La France découvre alors « la Pop Music » dont l’effet lénifiant sur le jeune public le dissuaderait de s’engager dans la lutte. Cette contradiction n’échappe pas aux journalistes qui observent concert après concert un public apathique et cérébral assistant aux performances de groupes comme Soft Machine. L’ambiance est tout autre lors des shows de Johnny Hallyday, qui draine une frange de loubards, plus agressifs et révoltés, autour desquels une organisation sécuritaire impressionnante est mise en œuvre pour protéger l’idole. Le champ lexical de la violence et de la non-violence devient alors systématique dans les colonnes des journaux pour rendre compte d’une prestation scénique à l’énergie sauvage déployée sur scène et dans le public, ou pour analyser les composantes musicales de la Pop Music ou du pub rock, dont les harmonies, les rythmes, les métriques, les intensités, les volumes sonores, ou encore les paroles, produisent une sensation de violence musicale sur les auditeurs. Enfin, le champ lexical de la violence devient une norme dans les slogans imaginés par les agences de publicités pour vendre des systèmes d’amplification toujours plus hauts et toujours plus puissants.

“The hopefulness of ‘Love Power’ has gone out the window,” Michel Lancelot wrote in 1971, adding that “just about everywhere, the revolt is armed” (Campus, 1971). The author was describing the state of violence on American campuses, comparing it with the fate of public figures who championed non-violence. In France, this dichotomy spread from the usual arena of public demonstrations and found its way into pop music festivals held in the South as well as a few concerts in Paris, like the Palais des Sports, where violence erupted among rioters and ticket dodgers on January 31, 1971. On that occasion, France was in the midst of discovering pop music, and its soothing effect was said to have dissuaded the young audience from joining in the fray. The contradiction was not lost on the journalists of the time, who repeatedly noticed the apathetic, intellectual audiences who attended concerts by bands like Soft Machine. A completely different atmosphere reigned at Johnny Hallyday’s shows, which attracted a fringe group of aggressive, rebellious roughnecks and led to the implementation of considerable security measures to protect the idol. The vocabulary of violence and non-violence was systematically employed in newspaper columns to describe the wild energy emanating from performers and audience members during live performances. It was used to analyze the musical components of pop music and pub rock. Their harmonies, rhythms, intensity, loud volume, and lyrics left listeners with an impression of musical violence. The vocabulary of violence also became the norm for slogans created by advertising agencies in order to sell increasingly larger and louder amplifiers.

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