11 mars 2022
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Mikhaël Moreau, « « Les paroles s’envolent, les écrits restent ». Traces ordinaires de psychopathes internés à Cery », Criminocorpus, revue hypermédia, ID : 10.4000/criminocorpus.9947
Dès son émergence à la fin du XIXe siècle, le diagnostic de psychopathie charrie des représentations négatives tendant à disqualifier d’emblée les personnes ainsi désignées. Dangereux, pervers, manipulateur : aux yeux des médecins, le psychopathe est un « demi-fou » lucide et inamendable qui ne relève pas de l’hôpital psychiatrique. Or, l’enfermement identitaire résultant de telles considérations ouvre un véritable champ d’affrontements. Les dossiers de patients de l’Hôpital de Cery, près de Lausanne, donnent à lire les luttes qu’ont pu mener certains internés afin d’affirmer leur identité et conserver le contrôle de leur existence. Une histoire au ras du sol de figures « ordinaires » de psychopathes, loin des cas célèbres, dévoile alors le hiatus qui peut exister entre représentations et dossiers concrets, mais aussi la pesanteur du diagnostic sur l’évaluation des vies et les trajectoires individuelles.