Érudition, oubli, affection. Les régimes expographiques des objets de la synagogue de Tomar (1920-2020)

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1 décembre 2022

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Cyril Isnart, « Érudition, oubli, affection. Les régimes expographiques des objets de la synagogue de Tomar (1920-2020) », Culture et Musées, ID : 10.4000/culturemusees.8838


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Cet article étudie la vie des collections d’une synagogue-musée consacrée aux Juifs portugais dans la ville de Tomar entre 1920 et 2020. Il s’appuie sur une enquête historique et ethnographique qui suit le parcours des collections exposées, retirées, cachées ou remplacées au cours de la vie du programme muséographique. L’enquête permet de comprendre comment des objets sont choisis pour signifier et matérialiser les avanies historiques de la population affiliée au judaïsme dans un pays qui a reçu, exclu, protégé et exterminé des personnes de confession juive tout au long de son histoire. Tout comme le destin des Juifs portugais eux-mêmes, les parcours des objets exposés dans l’ancienne synagogue de Tomar sont marqués par des effacements, des mises en lumière, des destructions, des éclipses, des (ré)inventions. L’article utilise le concept de régime expographique, dont les trois déclinaisons (érudition, oubli, affection) correspondent à trois périodes distinctes. En suivant pendant un siècle le parcours des objets qui ont constitué les collections de la synagogue-musée de Tomar, cet article se propose de mieux comprendre comment un passé religieux et historique, dont les traces ont été systématiquement effacées, a pu être mis en exposition dans le cadre d’un musée national en soulignant la pluralité des régimes d’exposition et de la nature des collections elles-mêmes. Il permet également de poser un regard sur la complémentarité entre la matérialité d’un monument religieux et celle des collections d’objets de dévotion, dont on active la nature religieuse de façon contrastée, entre le témoignage historique de la présence juive au Portugal (érudition), l’effacement de la présence d’une altérité religieuse historique (oubli) et la construction d’une matérialité dévotionnelle affective (affection). Cet article contribue aussi à réfléchir à ce qu’« exposer des objets religieux » veut dire, en montrant comment le choix des objets implique des lectures différentes du passé. Il pose finalement, dans la lignée des études de la mémoire et du patrimoine religieux la question de la nature du religieux qui se transmet à travers les dispositifs patrimoniaux.

This article proposes a study of the trajectory of collections in the synagogue-museum devoted to Portuguese Jews in the city of Tomar between 1920 and 2020. It is based on a historical and ethnographic survey of collections that have been exhibited, taken out of view, hidden away or replaced over the course of the museum’s existence. This study allows us to understand how objects were selected to signify and render material the historic humiliations of those related to Judaism in a country that welcomed, excluded, protected and exterminated those of Jewish fate throughout its history. Like the destiny of Portuguese Jews themselves, the objects exhibited in the former synagogue in Tomar have been subjected to erasure, highlighting, destruction, eclipses and (re)inventions. This article makes use of the concept of an expographic regime, of which the three declensions (erudition, forgetting and affect) align with three distinct periods. By following the fate of the objects that make up the collection of the synagogue-museum in Tomar over the course of a century, this article proposes a better understanding of how a religious and historical past, whose traces have been systematically erased, has been exhibited in a national museum by highlighting the diversity of regimes of exhibition and of the collections themselves. It also allows a look at the complementary nature of the materiality of religious monuments and that of collections of sacred objects, whose religious nature is activated in a contrasted manner, between historical accounts of Jewish presence in Portugal (erudition), the erasure of historical religious otherness (forgetting) and the construction of emotional devotional materiality (affect). This article also partakes in the discussion of what “exhibiting religious objects” means by showing that the choice of what is exhibited implies a particular reading of the past. In the end, following in the footsteps of studies of memory and religious heritage, this article poses the question of the nature of the religion that can be communicated through heritage apparatuses.

Este artículo estudia la vida de las colecciones de una sinagoga-museo dedicada a los judíos portugueses en la ciudad de Tomar entre 1920 y 2020. Se basa en una investigación histórica y etnográfica que observa la trayectoria de las colecciones que han sido expuestas, retiradas, ocultadas o sustituidas a lo largo de la vida del programa museográfico. La investigación permite comprender cómo se eligen los objetos para significar y materializar los ultrajes históricos de la población de origen judío en un país que ha recibido, excluido, protegido y exterminado a personas de fe judía a lo largo de su historia. Al igual que el destino de los propios judíos portugueses, la trayectoria de los objetos expuestos en la antigua sinagoga de Tomar está marcada por tachones, relieves, destrucciones, eclipses y (re)invenciones. El artículo utiliza el concepto de régimen expográfico, cuyas tres variantes (erudición, olvido, afecto) corresponden a tres períodos distintos. Mediante un seguimiento de la trayectoria de los objetos que constituyeron las colecciones de la sinagoga-museo de Tomar durante un siglo, este artículo busca comprender cómo un pasado religioso e histórico, cuyas huellas han sido sistemáticamente borradas, ha podido ser expuesto en el marco de un museo nacional, subrayando la pluralidad de los regímenes de exposición y la naturaleza de las propias colecciones. Asimismo, permite observar la complementariedad entre la materialidad de un monumento religioso y aquella de las colecciones de objetos devocionales, cuya naturaleza religiosa se activa de forma contrastada, entre el testimonio histórico de la presencia judía en Portugal (erudición), la supresión de la presencia de una alteridad religiosa histórica (olvido) y la construcción de una materialidad devocional afectiva (afecto). Este artículo también contribuye a la reflexión sobre lo que significa “exponer objetos religiosos”, mostrando cómo la elección de los objetos implica diferentes lecturas del pasado. Finalmente, en consonancia con los estudios sobre la memoria y el patrimonio religioso, cuestiona la naturaleza de lo religioso que se transmite a través de los dispositivos patrimoniales.

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