Les films des géographes français : quelle grille de lecture ?

Résumé Fr En

Cet article se donne pour objectif de dresser un bref tableau de la production filmique des géographes français depuis le début du XXe siècle. Partant du travail de précurseur mené par Jean Brunhes aux Archives de la Planète pour arriver aux films vidéos contemporains, en passant par les expériences pionnières menées dans les années 1960 et 1970, on tente d’envisager brièvement le contexte intellectuel et historique qui a présidé à la réalisation de ces films. Il s’agit d’éclairer certaines des prémisses géographiques qui leur sont sous-jacentes et les pratiques cinématographiques qui sont mises en œuvres. L’objectif est de dégager les fonctions qui ont été attribuées aux films, et les raisons qui ont poussé les géographes à en faire un usage de plus en plus fréquent. On constate ainsi que les films revêtent des fonctions diversifiées, et traduisent des approches parfois très différentes, de sorte qu’il devient très difficile d’identifier quelque chose comme « le film géographique ». En témoignent les diverses manières de concevoir l’utilité du recours aux moyens audiovisuels, et des avantages comparatifs que ceux-ci apportent par rapport à l’écrit, mode standard de production du savoir géographique.

This article aims to provide an overview of films produced by French geographers from the beginning of the 20th century to the present. Starting from the work of Jean Brunhes at the Archives de la Planète and continuing through the pioneering experiments of the 1960s and 70s all the way to contemporary works on digital video, we briefly reconstruct the intellectual and historical contexts that gave rise to these works. We study both the geographical premises and the cinematographic practices that subtend these films. Our aim will be to understand the function these films served within the discipline of geography and to comprehend the ever-increasing use of film by geographers over the course of the last century. Given the varied approaches and variegated functions of these films, we will nonetheless abstain from attempting to regroup these films under the too-rigid category of “the geographic film.” The geographers examined in this study have all had recourse to moving images, yet each has a different conception of the advantages that the audiovisual medium afforded him or her over and against the written text, which remains the standard mode of knowledge production within the discipline of geography.