11 juin 2019
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Sabine Lehmann, « Cohésion, cohérence et digression dans le discours à dominante explicative : une perspective diachronique (de la fin du XIIIe au XVIe siècle) », Discours, ID : 10.4000/discours.9922
La digression fait partie d’une série de mouvements textuels qui interrompent le discours en produisant une rupture de la chronologie du texte, une insertion que l’on compare parfois à une parenthèse. Dans cette série, la digression coexiste avec l’exemplum et l’illustration. C’est l’effet de déviation mis en place dans le tissu textuel qui justifie ce regroupement. Dans cet article, nous montrons que la digression relève toujours d’une stratégie qui contribue à l’instauration d’effets de cohésion et de cohérence ; elle s’inscrit dans le mouvement de complexification des structures textuelles et séquentielles observable dans le parcours diachronique du français. Le cadre diachronique mis en place dans notre étude est construit autour de la période du moyen français, caractérisée par l’apparition de textes à dominante explicative ou argumentative. Le développement de ces nouveaux modèles textuels va de pair avec une nouvelle conception de la cohérence discursive. C’est dans ces nouveaux types de textes représentatifs de domaines de savoir variés (par exemple médecine, philosophie, agriculture) que nous étudions les modalités d’inscription de la digression. Ces dernières peuvent être de nature implicite et explicite (marqueurs permettant de cerner le début et / ou la fin d’une digression). Les marqueurs convoqués permettent de ponctuer le discours et de contribuer ainsi à sa stratification.