3 juin 2011
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D’Angelo Filippo, « Libertinage, hermaphrodisme et masculinité », Les Dossiers du Grihl, ID : 10.4000/dossiersgrihl.3964
Depuis les réflexions de Pierre Charron sur la preud’homie, la dissociation entre la figure de l’esprit fort et le genre du sexe faible s’est imposée comme un principe constitutif de la littérature d’inspiration libertine. Faut-il pour autant considérer que, dans la culture hétérodoxe du xviie siècle, la masculinité de l’esprit fort relève d’une véritable distinction de genre ? Les auteurs libertins prônent-ils réellement un imaginaire viril de la raison naturelle ? Des œuvres telles que L’Autre monde de Cyrano de Bergerac, les Aventures de Charles Dassoucy ou La Terre australe connue de Gabriel de Foigny montrent que, parfois, la figure de l’esprit fort peut être associée à l’effacement de la différence sexuelle, notamment à travers les personnages d’hermaphrodites. En même temps, le dépassement libertin de la notion de genre est plus apparent que réel : il reste, en dernière instance, une pure hypothèse fictionnelle marquée par les traces de cette même domination masculine qu’il semblerait remettre en cause.