Entre désolation et consolation : Lire les Pensées de Pascal aujourd’hui

Résumé Fr En

Cet article explore l’espace conceptuel ouvert par la préposition « entre » dans son titre – « entre désolation et consolation » – en mesurant la complexité et les enjeux de cet espace non seulement pour Pascal lui-même, ses voix dans le texte et le lecteur tel qu’il est construit par le texte, mais aussi pour le texte lui-même en tant qu’objet matériel, tel qu’il nous parvient aujourd’hui. Ce faisant, l’article poursuit un étrange parallélisme entre ce lecteur et le texte lui-même : des deux côtés, il sera question d’une perte constitutive et d’une désolation originaire. Dans ce contexte, la réouverture des Pensées dont il est question dans ce volume pourrait ainsi s’entendre, dans une acception plus dramatique et violente, comme celle d’une plaie : affronter à nouveau une prétendue désolation originaire, que ce soit celle du lecteur ou celle du texte, en rappelant que la perte ne se laisse pas réparer, du moins pas ici-bas. Rouvrir les Pensées, donc, en résistant à une consolation trop rapide, facile ou superficielle.

This article explores the conceptual space opened by the preposition “between” in its title – “between desolation and consolation” – by assessing the complexity and stakes of this space not only for Pascal himself, his voices in the text and for the reader as constructed by the text, but also for the text itself qua material object as it reaches us today. In doing so, the article pursues a peculiar parallelism between this reader and the text itself: on both sides, there emerges a constitutive loss and a primordial desolation. In this context, the “reopening” of the Pensées emphasized already in the title of this volume could therefore be understood, in a more dramatic and violent sense, as that of a wound: confronting yet again an alleged primordial desolation, whether that of the reader or that of the text, acutely aware that the loss cannot be repaired, at least not in this world. In other words, reopening the Pensées, while resisting a too rapid, too easy or too superficial consolation.