Qu’est-ce qu’une affaire ? James Mackintosh au dépôt des archives du ministère des Affaires étrangères en 1814

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9 décembre 2020

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Juliette Deloye, « Qu’est-ce qu’une affaire ? James Mackintosh au dépôt des archives du ministère des Affaires étrangères en 1814 », Les Dossiers du Grihl, ID : 10.4000/dossiersgrihl.8108


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Au-delà du sens commun, une « affaire » renvoie à un modèle juridico-politique qui trouve son origine dans l’affaire Calas. Les historiens et les anthropologues en ont identifié la structure, le fonctionnement, et en ont retracé l’histoire, pour analyser ensuite leurs objets à l’aune de ce modèle. L’approche proposée ici interroge les possibilités historiennes d’examiner une « affaire » à son juste niveau, lorsque le terme n’est pas un outil d’analyse mais fut employé en leur temps par les acteurs pour monter un coup politique. Construit à la manière d’une étude de cas, cet article se concentre sur la venue d’un député britannique, James Mackintosh, au dépôt des archives du ministère des Affaires étrangères à Paris, pour écrire de l’histoire, à l’automne 1814. En plein Congrès de Vienne et peu de temps après la Restauration des Bourbons sur le trône de France, cette visite n’a pas été décrite par les commis de ce dépôt comme savante, ou de courtoisie. Dans deux mémoires virulents adressés au ministre par intérim Jaucourt, le garde des archives d’Hauterive met en valeur les enjeux diplomatiques de la venue de Mackintosh, véritable événement à l’échelle du dépôt. Pour entraver le visiteur, il argumente en rejetant les ambitions du Britannique du côté de la littérature : or un écrivain n’a rien à faire au dépôt. En transformant l’événement en affaire, d’Hauterive agit en garant de la production historienne officielle, défendant l’identité historienne des commis de son dépôt, et se montre en protecteur des intérêts de la France, dans deux mémoires qui sont autant d’écrits de ralliement au nouveau régime.  

Beyond common sense, an "affair" refers to a legal-political model that has its origin in the Calas affair. Historians and anthropologists have identified the structure and functioning of this model, have traced its history and have then analysed their objects in the light of this model. The approach proposed here questions the possibilities of examining an "affair" at its proper level, when the term is not a tool of analysis but was used in their time by the actors to set up a political coup. Constructed as a case study, this article focuses on the visit of a British MP, James Mackintosh, to the archives of the Ministry of Foreign Affairs in Paris to write history in the autumn of 1814. In the midst of the Congress of Vienna and shortly after the Restoration of the Bourbons to the throne of France, this visit was not described by the clerks of the repository as scholarly, or courteous. In two virulent memoirs addressed to acting Minister Jaucourt, the archives’ custodian d'Hauterive highlights the diplomatic stakes of Mackintosh's visit, a true event on the scale of the repository. To hinder the visitor, he argues by qualifying the Britishman's ambitions as “literature”: a writer has nothing to do with the depot. By transforming the event into an affair, d'Hauterive acts as a guarantor of the official historical production, defending the historical identity of the repository’s clerks, and shows himself to be a protector of the interests of France, in two memoirs which are all writings rallying to the new regime.

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