23 février 2022
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Juliette Deloye, « Écriture du groupe et institution. Retour sur l’Académie politique de Torcy », Les Dossiers du Grihl, ID : 10.4000/dossiersgrihl.8959
Comme l’histoire littéraire, l’histoire politique et administrative utilise des groupes dans les récits qu’elle propose. L’académie politique (1712-1719), établissement de formation des diplomates fondé sous la direction du secrétaire d’État aux Affaires étrangères Torcy à la fin du règne de Louis XIV, est ainsi considérée, depuis les travaux de Guy Thuillier en particulier, comme « la première école d’administration ». Malgré l’échec de cette académie, elle constitue une étape obligée des ouvrages d’histoire de la diplomatie comme de l’histoire de l’administration louis-quatorzienne. Cette prégnance historiographique contraste avec les sources qui permettent de documenter l’académie, constituées presque exclusivement de projets. Ils sont étudiés ici dans leur contexte précis de production et de circulation, en particulier dans les relations sociales au sein desquelles ils sont pris. Ces opérations de contextualisation déplacent le regard du groupe institué vers l’écriture du groupe, afin d’en révéler les usages par les acteurs et d’élaborer une réflexion sur la manière dont l’académie a été, depuis le xviiie siècle, naturalisée. Cet article montre que la littérarisation de l’académie a joué un rôle important dans son institution, à la fois parce que l’écriture du groupe relevait de la construction d’une position pour les hommes de lettres qui ont écrit les projets, et parce qu’un périodique anglais, le Spectator, a figé et publié son nom pour dénoncer l’entreprise dans un article parodique dès 1712. L’académie politique, qui n’est pas un groupe identifié par l’histoire littéraire, entretient donc néanmoins un rapport avec l’écrit et avec le fait social de la littérature.