17 mars 2022
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Laurent Touchart et al., « Pour un hommage au professeur Sergueï Gorchkov et une introduction à la géoécologie russe », Dynamiques environnementales, ID : 10.4000/dynenviron.3236
Cet article est à la fois un témoignage concernant le parcours de vie du professeur Sergei Gorchkov (1932-2018), l’un des pionniers de la géoécologie russe, et l’essai de finalisation d’un article scientifique qu’il avait laissé inachevé. Les deux premières parties, biographiques, révèlent des anecdotes inédites sur la vie de Sergueï Gorchkov, qu’il a lui-même racontées aux auteurs, et elles mettent l’accent sur ses missions de terrain en Sibérie, qui furent le point de départ de ses réflexions sur l’unicité et la globalité de l’environnement géographique. A l’instar de la pédologie pour Dokoutchaev, la science du pergélisol est devenue pour Sergueï Gorchkov le creuset de toutes les composantes environnementales. Pour comprendre l’évolution de la cryolithozone sibérienne, ce géomorphologue intégra les recherches en climatologie, en biogéographie et en hydrologie. Sa collaboration scientifique avec ses collègues géologues le conduisit à étudier les échelles de temps les plus longues et à se passionner pour les paléo-environnements. La troisième partie, directement scientifique, s’attache aux conséquences de la tendance au remplacement de la croûte océanique par la croûte continentale. Ainsi, les sphères inorganiques et biogéniques évoluent en sens opposé. La première se débarrasse de l’excès d’énergie cristallochimique contenue dans la matière inerte du manteau terrestre. La seconde, tout en se complexifiant, augmente son potentiel énergétique lié aux associations minérales du socle métamorphique et à sa couverture sédimentaire riche en énergie solaire accumulée par les facteurs biogéniques. Si l’on considère que la géoécologie doit reposer sur une meilleure compréhension de l’homéostasie de la biosphère, il convient d’étudier ce qui peut-être considéré comme une sorte de résilience du plus haut niveau d’organisation, d’échelle mondiale, à ceci près que la résilience au sens strict conduit à un retour à l’équilibre initial, tandis que l’homéostasie mène à un nouvel équilibre. Par son échelle globale, la fonction homéostatique de biofiltration productive de l’océan domine toutes les autres. Grâce à elle, le rayonnement solaire pénètre dans l’océan. Cette réserve de chaleur est transférée par advection aux masses d’air, qui se déchargent de leur humidité au-dessus des continents et augmentent ainsi la biomasse des écosystèmes terrestres. Les grands fleuves reçoivent et transportent plus de matière organique vers les mers et le cycle continue. La combinaison de la densité du couvert végétal sur les continents, de la production primaire de phytoplancton et de la filtration du zooplancton océanique est au cœur de la fonction homéostatique de la biosphère. Géographiquement, c’est cette zone de contact qui représente l’interface planétaire majeure. Du point de vue de la géomorphologie continentale, il s’agit du milieu marin sous l’influence des embouchures fluviales ; du point de vue de l’océanographie, c’est le filtre marginal (tel que déterminé par l’océanologue russe Lisitsyn). S. Gorchkov écrivait que le « signal intégré » des écosystèmes terrestres et océaniques se trouvait dans ces mers épicontinentales. Cet article y ajoute une comparaison de l’importance des apports en éléments nutritifs par les upwellings et par les grands bassins fluviaux à dense couverture végétale.