3 octobre 2014
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Michel Morel, « À propos des silences du texte narratif », Études britanniques contemporaines, ID : 10.4000/ebc.1349
L’article s’intéresse aux blancs typographique dans quatre cas extrêmes de pratique de fiction. Dans la ligne de la théorie des blancs textuels de Wolfgang Iser, il met en parallèle la grande tradition au xixe siècle (Thackeray, dans Vanity Fair et Dickens dans Bleak House) et les pratiques subversives de Joyce dans Ulysses. D’un côté le double exemple des coupures et interruptions propres au feuilleton, et de la parataxe descriptive ; de l’autre, deux versions contraires du courant de conscience (la parataxe avec modulation générique dans la scène de l’enterrement, et la syntaxe continue dans le monologue de Molly). Chez Thackeray, chapitre, paragraphes, phrases programment et forcent l’interprétation ; chez Dickens, la parataxe se fait mise en scène et travaille subrepticement mais sans répit l’activité de lecture. Les deux pratiques inversées de Joyce démontrent quant à elles que le silence de fin de phrase ne cesse de moduler notre accord ou notre désaccord avec ce qui vient d’être énoncé, et plus généralement avec le texte lui-même. Les quatre cas (le dernier in absentia) dénudent ainsi le silence typographique comme lieu d’une activité interprétative intense. Loin d’être ce rien qu’on pourrait absenter, un tel silence est épreuve de vérité selon le texte, véritable abondance et débordement de signifiance latente, au fondement même de l’échange de lecture.