11 avril 2019
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Olivier Hercend, « Le modernisme et les dangers de la lecture », Études britanniques contemporaines, ID : 10.4000/ebc.6246
Le modernisme d’après-guerre se caractérise par une prise de conscience vis-à-vis des ambivalences de la lecture. Des auteurs comme T.S. Eliot, James Joyce ou Virginia Woolf analysent et mettent en scène le potentiel subversif du rapport au texte. De l’intérêt du jeune Stephen Dedalus pour les romans au Baedeker de Burbank ou aux poèmes que lit Mrs Ramsay dans To the Lighthouse, la lecture devient une instance d’interaction, dont le potentiel dépasse le simple échange rationnel et peut échapper à tout contrôle. Cette capacité à résister à la programmation, ce « danger » inhérent à la lecture, peut alors être libérateur, mais aussi déstabilisant. En effet, il fait apparaître une forme spécifique de violence textuelle, qui sous-tend la subversion, mais aussi les mécanismes de contrôle institutionnel de l’interprétation. Conscients de ces écueils, les auteurs modernistes choisissent chacun à leur façon d’intégrer le danger à leur esthétique, et de laisser le lecteur se confronter de façon autonome aux déroutants, mais aussi attrayants, mystères de leurs écrits.