24 octobre 2013
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Julie Morère, « Evelyn Waugh’s Artistic Outcry in Love among the Ruins of a Godless World », Études britanniques contemporaines, ID : 10.4000/ebc.701
En 1953, Evelyn Waugh publie Love Among the Ruins, a Romance of the Near Future, comédie dystopique macabre contrastant curieusement avec le sérieux de ses romans d’après-guerre. Dans cette novella, un incendiaire à demi repenti tombe sous le charme d’une ballerine barbue dans un monde entièrement soumis à un État-Providence impie et perverti qui promeut l’euthanasie au sein d’une société impitoyable et débilitante. Le positionnement de Waugh est ambigu : il se rebelle contre ses prédécesseurs modernistes et leur rejet du lien qui unit l’homme à Dieu (« Fan-Fare », 1946), tout en questionnant les principes mêmes sur lesquels son univers littéraire est fondé. Sur les ruines de la guerre, la novella érige une Angleterre futuriste qui s’inspire de l’esthétique gréco-romaine, une ambivalence qui montre la fascination de Waugh pour les ordres architecturaux gréco-romains métonymiques de l’ordre d’un monde perdu. Dans un même temps, il fait l’autocritique de sa tendance à porter aux nues des valeurs éthiques disparues aux accents tennysonniens. La satire viole les règles du genre et frôle l’anarchie, tandis que Waugh opère des expérimentations transgénériques osées, et que l’iconotexte a recours à des jeux métapicturaux par le truchement de dessins de la main de l’auteur parodiant l’œuvre de Canova. Le regard apprivoise peu à peu le rythme imposé par l’alternance d’image et de texte, pour accéder à une morale décentrée, et mieux percevoir la dénonciation d’un monde dénué de spiritualité. La conscience tragique d’un tel fait et la maîtrise des outils satiriques donnent à la novella toute sa portée, rendant lumineuses les faiblesses et la fade réalité du monde moderne.