Vie et souffrance : quelques positions d’Aristote à la Modernité tardive

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21 février 2024

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Michel Herren, « Vie et souffrance : quelques positions d’Aristote à la Modernité tardive », Études de lettres, ID : 10.4000/edl.4101


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Depuis son commencement grec, la philosophie occidentale est, dans son centre, une philosophie de la vie. Dès lors en effet, l’affaire de la philosophie est l’être (de ce qui est) qui, selon l’expérience grecque, a pour caractère fondamental d’éclore et d’apparaître (φύειν, φύσις), éclosion dont la vie est précisément l’exposant éminent. Selon les recherches de Heidegger, cette expérience relève d’une certaine ouverture de l’être, de l’ordre de l’ἀ-λήθεια (« dé-voilement », « dés-abritement »). Cette ouverture « a-léthique » est, certes, à l’origine de l’éclosion, mais elle implique à la fois (le mot l’indique) le rejet de la dimension léthico-thanatique, soit la souffrance. Ce rejet du négatif sous-tend comme tendance (certes, sous différentes modifications) la tradition de la philosophie occidentale dans son ensemble. En atteste non seulement Aristote, le fondateur de la philosophie de la vie, qui conçoit la vie (en sa forme suprême, divine) comme pure éclosion ou présence sans faille constamment identique à elle-même, mais également les philosophes modernes, comme Descartes et Fichte qui – supprimant, dans le fondamentum inconcussum de la pensée moderne, soit l’ego cogito ou le Moi de la conscience de soi, l’« autre » ou le « négatif » – conçoivent la vie de celui-ci comme une activité qui ne cesse de s’identifier avec elle-même, soit comme identité en acte. C’est dans la philosophie de l’« esprit absolu » de Hegel qu’éclate le négatif comme tel, de telle sorte pourtant qu’il est aufgehoben, élevé et conservé, à titre de moment, au sein de l’identité absolue de l’esprit absolu. Cet accomplissement de la philosophie occidentale en tant que philosophie de la vie comme éclosion pure ou présence absolument identique avec soi, implique toutefois un certain épuisement et donne lieu à la montée définitive de la souffrance comme trait intrinsèque de la vie. En attestent les philosophies de la Modernité tardive (posthégélienne), comme celles de Schopenhauer et de Nietzsche, dont le premier pense le fond de la vie comme volonté aveugle et pulsionnelle, source inépuisable de la souffrance, et le second comme Dionysos, dieu artiste, sans égard, de la construction et de la destruction, du plaisir et de la souffrance, de la vie et de la mort.

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