L’attention à la vie ordinaire comme pratique éthique et politique : le cas des « ethnotextes » d’Annie Ernaux

Résumé Fr En

Les « ethnotextes » d’Annie Ernaux peuvent être resitués au sein des « littératures de terrain » qui marquent la production littéraire actuelle. Le terrain en question est celui de la vie la plus ordinaire, que l’auteure s’attache à observer et à consigner par écrit. Peut-on donner à cette entreprise une dimension politique, ainsi que son auteure l’affirme ? On s’attache à montrer ici comment les pratiques de l’attention qu’elle met en jeu peuvent être conçues comme une manière de (mieux) qualifier les lieux et les êtres, à laquelle on peut donner un sens politique mais sans doute plus encore éthique, engageant une redéfinition de celle-ci comme une pratique à chaque fois remise en jeu, au plus concret de nos existences.

Annie Ernaux’s « ethnotextes » can be considered as part of the “fieldwork literature” which is a characteristic feature of contemporary writing. Ernaux’s field is everyday life, which she endeavours to watch and put in writing. Can we see this process as having a political dimension, as she declared? We bring to light the way she puts into practice her attention, for the purpose of describing more acutely places and beings; this can be seen as having a political dimension, but even more an ethical one – since ethics is redefined as a practice, which has to be performed in our everyday life and continually put at stake.