13 décembre 2023
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Jennifer Tamas, « « C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit… » », Écrire l’histoire, ID : 10.4000/elh.3521
Cet article interroge la façon dont la tragédie racinienne travaille l’injonction à l’oubli (de l’Édit de Nantes au « refoulement » de la Fronde). Mettant en scène des personnages qui nous invitent à entrer dans leur mémoire, Racine juxtapose plusieurs temporalités qu’il coud ensemble (qu’elles soient traumatiques, bibliques, mythiques, actuelles). Le rapport aux fantômes, aux ombres tout comme au veuvage permet d’interroger le régime du souvenir. Même les personnages d’enfants semblent moins incarner le futur que la résurrection d’un passé (la lignée de David avec Joas, la splendeur de Troie avec Astyanax) que d’autres veulent abolir (tels Athalie et Pyrrhus baignés de crimes). La tragédie racinienne ouvre une brèche temporelle qui semble symptomatique de ce carambolage des temps. Elle produit aussi un espace mémoriel qui nous parle encore aujourd’hui et sur lequel nous pouvons encore projeter nos propres doutes comme nos hantises.