27 mars 2024
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Florence Bernard, « Des hommes de Laurent Mauvignier, un voyage au bout de la nuit », Elseneur, ID : 10.4000/elseneur.1754
En 2009, Laurent Mauvignier accentue l’infléchissement que Dans la foule, consacré au drame du stade du Heysel, avait amorcé trois ans plus tôt : si c’est encore au parcours de quelques individus que Des hommes s’attache, l’œuvre les plonge cette fois dans les soubresauts d’un événement collectif d’une plus grande ampleur encore, ceux de la guerre d’Algérie. L’une des particularités de ce roman tient à la place conséquente qu’il accorde au trauma éprouvé par les anciens conscrits de l’armée française. Après l’avoir montré et étudié quel espoir de délivrance est permis à ceux qui ont fait cette expérience de l’innommable, nous nous attacherons à la manière dont Mauvignier suscite ce même chaos dans l’esprit du lecteur en le transportant, au gré d’une longue analepse située au cœur de son roman, dans le trouble de cette guerre où l’humain et le monstrueux sont toujours sur le point de se confondre : se crée ainsi une tension où la sensibilité et l’impartialité du récit nous poussent à éprouver tour à tour, et parfois simultanément, la plus vive horreur et la plus profonde compassion envers ceux qui se sont trouvés mêlés à cette page de l’Histoire.