26 janvier 2023
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Ellen Delvallée, « Débat et dialogue en vers chez Guillaume Cretin », Elseneur, ID : 10.4000/elseneur.290
Au début du XVIe siècle, le rhétoriqueur Guillaume Cretin propose, dans Le Debat entre deux dames sur le passetemps des chiens et des oyseaux, une réécriture d’un extrait des Livres du roy Modus et de la royne Ratio, dans lequel deux dames s’affrontent à propos de la précellence de la fauconnerie ou de la vénerie. Une première comparaison avec le texte du XIIIe siècle montre que si Cretin semble fidèle aux arguments exprimés par son prédécesseur (les plaisirs de la vue et de l’ouïe procurés par la vénerie sont supérieurs aux seuls agréments de la vue suscités par le spectacle de la fauconnerie), il distingue plus nettement que lui les dialogues contenus dans le fil de sa narration, qui relèvent du sermo, des discours argumentatifs, auxquels il consacre des strophes dédiées, proches de la contentio. Dans les huitains ou dans les couplets de décasyllabes, Cretin emploie nombre de ressources de la métrique pour organiser l’argumentation des deux dames. En particulier, il recourt de façon virtuose à la rime équivoquée, qui mobilise de façon insistante le sens de l’ouïe et annonce ainsi la résolution du débat en faveur de la vénerie. En amenant son lecteur vers cette conclusion devenue logique, grâce aux vers, Cretin transforme insensiblement l’opposition du débat en dialogue, dans lequel se construit une vérité.