Le « guerrier » impliqué

Résumé Fr En

Les guerres civiles, révolutionnaires, napoléoniennes, les deux guerres mondiales impriment leur virulence dans l’écriture de Claude Simon. Mais au juste, dans la belligérance de cette œuvre, quelle idée du Guerrier, quelles passions premières d’un être « consacré à la guerre » (selon le Trésor de la langue française) se trouvent impliquées ? C’est en reprenant l’entrée « Guerrier » du « Lexique » de La Bataille de Pharsale (un roman où, soulignait Jean Rousset, « peintures et guerres sont les thèmes dominants ») que l’on se propose d’examiner ces questions. Les gesticulations troublantes d’une figure gigantesque brandissant un sabre de cavalerie mobilisent affectivement la mémoire du sujet écrivant, stimulent une écriture pensive engagée à liquider avec une forme d’allégresse spinoziste un héritage personnel traumatisant.

Civil, revolutionary and Napoleonic wars, and the two world wars, made a lasting violent impression on Claude Simon’s writing. But exactly what idea of the Warrior and what raw passions of a being wholly devoted to war are implied in the belligerence of this work? I propose to examine these questions by turning to the entry “Warrior” in the “Glossary” included in La Bataille de Pharsale (a novel in which, as Jean Rousset pointed out, “paintings and wars are the dominant themes”). The troubled and troubling gesticulations of a gigantic figure brandishing a sabre mobilise the memory of the writing subject emotionally and stimulate a meditative form of writing that is committed to liquidating, with a type of Spinozian joy, a traumatic personal legacy.