15 avril 2024
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Philippe Corno, « Représentation de la vie psychique dans Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos », Elseneur, ID : 10.4000/elseneur.711
S’il est assez habituel dans les romans épistolaires d’appréhender la lettre comme l’espace discursif d’une expression subjective de ses sentiments, des œuvres comme Les Liaisons dangereuses de Laclos nous invitent à la penser aussi comme moyen et occasion d’une mise à distance de soi aux autres et de soi à soi, autrement dit comme représentation de sa propre intériorité ou de celle d’autrui. Pourtant, si dans le roman laclosien nombre de lettres semblent a priori pouvoir être ainsi considérées comme récit – représentation – de la vie psychique, qu’il soit parfaitement maîtrisé dans le cadre d’une éthique libertine ou involontairement révélé en raison d’une naïveté langagière autant que morale, en définitive le régime discursif de tromperie généralisée de soi aux autres mais surtout de soi à soi qui s’y met progressivement en place nous interdit d’y saisir la moindre représentation avérée des affects des personnages qui, parce qu’ils sont des êtres de langage et donc de mensonge, nous apprennent combien nous échappe toujours la vérité sur les autres et sur nous-mêmes.