25 mars 2015
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Zoé Carle et al., « Les graffitis de la rue Mohammed Mahmoud. Dialogisme et dispositifs médiatiques », Égypte/Monde arabe, ID : 10.4000/ema.3449
Partant d’un double point de vue, à la fois empirique et numérique, cet article observe la relation entre l’émergence spectaculaire de graffitis dans l’espace urbain du Caire et l’essor des médias sociaux dans le développement d’une nouvelle culture contestataire en Egypte. Nous concentrons notre étude sur les graffitis de la rue Mohamed Mahmoud pour observer comment cet espace urbain particulier devient un espace médiatique et symbolique par le biais de son investissement par les réseaux sociaux. La rue en elle-même est l’espace privilégié d’une nouvelle forme d’expression, le graffiti, une zone d’écriture en acte que nous pouvons définir selon la terminologie de Béatrice Fraenkel comme un sanctuaire d’écriture (Fraenkel, 2002) qui nous semble être le laboratoire de nouvelles pratiques d’action et d’expression collective au sein de la jeunesse égyptienne. En effet, la ville du Caire a connu récemment l’émergence d’un nouvel ordre graphique dans lequel les citoyens inscrivent leurs actes de résistance par le biais de représentations picturales ou scripturales. Ces inscriptions doivent être prises en compte avec leurs représentations numériques qui les reproduisent ou les discutent sur Internet. Ensemble, elles semblent avoir initié dans le monde arabe contemporain un mécanisme complexe : une succession d’actes articulés les uns aux autres qui produisent de nouvelles situations de communication et d’échange (Gonzalez-Quijano, 2011). Ce travail vise ainsi à évaluer l’importance de la rue Mohamed Mahmoud comme lieu d’exposition de formes dialogiques d’écriture dans le changement socioculturel que connaît une certaine partie des publics égyptiens et plus largement arabes.