21 décembre 2018
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Bénédicte Florin, « Travailleurs des tanneries, travailleurs des déchets du Caire. Paysages urbains singuliers, histoires de familles et savoir-faire professionnels », Égypte/Monde arabe, ID : 10.4000/ema.4658
Au Caire, le quartier des Tanneries et les quartiers de chiffonniers constituent des espaces populaires et industrieux où vivent et travaillent de nombreuses familles employées à valoriser les « restes », qu’il s’agisse des peaux ou des déchets. Singuliers, peu visibles et souvent menacés, ces micro-mondes se situent aux marges de la ville et leurs travailleurs et travailleuses se situent, également, aux marges de la société urbaine du fait de leurs activités considérées comme sales. Pourtant, la reconstitution de leurs itinéraires témoigne de leurs savoir-faire professionnels et de l’émergence d’une catégorie d’entrepreneurs qui a participé à la création progressive d’un « artisanat-industriel ». Celui-ci conserve, en partie, une dimension artisanale, informelle, familiale et communautaire, tout en empruntant, en partie, à la dimension industrielle ses outils, ses réseaux formels, sa concentration spatiale et sa force de travail. Non dénué de rapports de dépendance, sinon de domination, cet artisanat-industriel fonctionne de manière systémique sur la base d’une imbrication forte entre activités informelles et formelles et de circulations intenses dans la capitale. Déjà engagées, la démolition des Tanneries – en vue de leur relocalisation dans le désert – ainsi que celle du quartier des chiffonniers de Batn al-Baqara – en vue d’y favoriser la promotion immobilière privée – auront de graves conséquences économiques et sociales pour de nombreux travailleurs de ces quartiers.