« Les armes des faibles et la faiblesse des armes »

Fiche du document

Date

5 avril 2022

Discipline
Types de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Source

e-Phaïstos

Relations

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2262-7340

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2552-0741

Organisation

OpenEdition

Licences

https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess


Résumé Fr En

Alors que les plans sociaux et les fermetures d’usines sont devenus un fait ordinaire de la société française depuis les années 1980, les ouvriers et les ouvrières paraissent avoir disparus de la mémoire collective. Cette thèse entend étudier, à partir de sources publiques, syndicales, audiovisuelles et orales, le phénomène de désindustrialisation à l’aune des résistances qui y sont opposées par les ouvriers. Le progressif délitement de ce groupe social, central jusque dans les années 1970, a en effet bouleversé la société française du temps présent. En s’appuyant sur cinq bassins ouvriers représentant des secteurs, mains-d’œuvre, et territoires variés, nous dressons un panorama des luttes qui s’opposent à la fin des usines. Cette immersion nous a d’abord permis de constater la profondeur chronologique de ces mobilisations, qui se développent dès l’après-guerre dans le cadre de la modernisation industrielle, qui déstabilise certains territoires. Dans les années 1968, l’insubordination ouvrière se conjugue dans nombre d’entreprises avec la problématique de l’emploi et des licenciements. Par la suite, le développement d’une « conscience de crise » voit un affaiblissement des armes de ces travailleurs mais, dans le même temps, une explosion des conflits liés aux fermetures. Ces derniers, qui ne parviennent presque jamais à enrayer le processus de démantèlement des activités, incarnent la défaite du monde ouvrier. Décrits par les médias comme d’ultimes convulsions devant la mort, ces mouvements portent avant tout en eux des fragments d’éthique et une rationalité qui nous informent sur les métamorphoses de l’identité ouvrière. Les communautés et les bassins en ressortent profondément transformés, marqués par une dégradation des indicateurs sociaux qui alimentent autant une stigmatisation de ces espaces qu'un désarroi ouvrier. S’entame alors un deuil collectif et individuel, marqué par la douleur physique et morale du travail ouvrier, la disparition des sociabilités militantes, politiques et du travail ou encore de son savoir-faire. La désindustrialisation est toutefois un phénomène progressif qui, bien souvent, désagrège le tissu productif sur plusieurs décennies, transformant durablement le travail de celles et ceux qui restent dans les usines.

Blue-collar workers seem to have disappeared from collective memory. Meanwhile, factory closures have become an ordinary occurrence since the beginning of the 1980’s. This thesis aims at studying the deindustrialization phenomenon considering the workman-led resistance to it. It relies on public, workers-union, oral and audio-visual sources. Contemporary French society has been deeply impacted by the progressive disintegration of this blue-collar class, which held a central role up until the end of the 1970’s. We will be presenting a panorama of fights against factory closures using five working-class regions with different specialties, manpower and locations. We have been able to appreciate the chronological depths of those fights, which have existed since the end of WWII and the beginning of the industrial modernization - which has deeply shaken some regions. In 1968, worker insubordination added to the problem of employment and dismissal for many companies. Later, workers’ weapons got weakened by the “awareness of a crisis” but in the meantime, conflicts during the closing of factories increased. Those conflicts, which seldom manage to prevent any closure, are symbolic of the defeat of the working-class. Those workers’ actions, described by the media as final convulsions before death, bear fragments of ethics and a rationality that informs us of the metamorphosis of the working-class identity. Communities and regions are deeply transformed and scarred by the degradation of social indicators, which leads both to social stigma and despair. A collective and individual grieving process then starts, burdened by the physical and moral pain of work, the disappearance of militant, political and work life and the workers’ know-how. Deindustrialization is however a progressive phenomenon which disintegrates production over several decades, with a long-lasting impact on factory workers.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en