22 février 2024
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Sarah Diane Bourdely et al., « Introduction : Pensée et représentation de l’optimum au temps des Lumières (1680-1789) », Études Épistémè, ID : 10.4000/episteme.16965
Le recueil d’articles Pensée et représentation de l’optimum au temps des Lumières (1680-1789) donne suite à un colloque organisé à l’université de Bâle au printemps 2021. L’ambition consistait alors à interroger la notion d’optimum dans les discours du XVIIIe siècle, c’est-à-dire au moment de son émergence. Celle-ci ne fait toutefois pas à l’époque l’objet d’une théorisation univoque. Il semble plutôt que l’optimum s’impose à bas bruit comme un opérateur de discours plutôt que comme une notion théorique. C’est du reste peut-être là la raison pour laquelle l’optimum, bien que central dans de nombreux champs du savoir, reste à ce jour encore largement sous-exploré. Notre introduction cherche à montrer en quoi non pas une notion d’optimum, mais différentes constructions discursives du XVIIIe siècle se développent à la faveur de préconceptions de l’optimum. Sans prétendre à l’exhaustivité, ni à épuiser aucun des champs abordés, l’introduction passe ainsi en revue certains domaines du savoir qui tous mettent en jeu des optima : ainsi l’ingénierie des XVIIe siècle et XVIIIe siècle s’impose comme un domaine exemplaire où chercher le meilleur rapport possible entre un effort et un effet. Dans le domaine des sciences naturelles se posera à la suite du développement de la physique newtonienne, la question de savoir si la nature toute entière n’est pas une machine optimale. La théologie de Leibniz ou de Pope repose la même question par rapport à la question métaphysique du mal, de la justice divine et du bonheur humain. Enfin, la pensée politico-sociale des Lumières, de Mandeville à Smith en passant par Montesquieu, posera la question de l’économie des passions et de la meilleure manière d’organiser l’État. Les physiocrates enfin, ayant découvert les vraies lois de la nature, n’auront en un sens plus qu’à promulguer la forme du gouvernement optimal. À travers ces différents champs, c’est la dimension proprement transversale de la notion d’optimum que nous mettons en lumière, ainsi que la façon dont elle informe différentes opérations du discours, dont les formes se prolongent jusqu’au XXIe siècle.