Un « curieux problème littéraire » : Rendre compte de la performance poétique de manière optimale ou comment optimiser l’écriture du non-scriptible

Fiche du document

Date

22 février 2024

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Relations

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1634-0450

Organisation

OpenEdition

Licences

info:eu-repo/semantics/openAccess , https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/




Citer ce document

Cécilia Roumi, « Un « curieux problème littéraire » : Rendre compte de la performance poétique de manière optimale ou comment optimiser l’écriture du non-scriptible », Études Épistémè, ID : 10.4000/episteme.17720


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En

Au XVIIIe siècle, les performances de lecture ou de déclamation de vers ont provoqué de telles réactions de plaisir que beaucoup de spectateurs ont voulu les retranscrire par écrit. Cependant, est-il possible de rendre compte par l’écriture de la matière orale, indissociable des effets de présence et d’actio du lecteur ? Existe-t-il une manière optimale de « mettre en onde » (Jacques Wagner) l’écrit afin de donner à entendre la performance poétique ? Parmi les amateurs de tels spectacles, beaucoup se sont essayés à consigner par écrit leur expérience en proposant une analyse fine de la voix du lecteur, de son timbre, de son ambitus ou de sa puissance vocale. Certains, comme Grétry, ont poussé l’exercice jusqu’à convertir l’expérience de la lecture poétique en notation musicale accompagnée de commentaires en prose. D’autres préférèrent mettre en place des stratégies de compensation ou de détournement. Assumant les limites du langage écrit pour rendre compte de la voix parlée, certains optent alors pour la citation de fragments entendus. Ne vaudrait-il pas mieux toutefois faire le sacrifice d’un compte-rendu objectif et autoriser la langue à déployer sa puissance poétique afin de rendre non pas seulement la lettre du spectacle mais l’esprit ? C’est le choix qu’ont fait certains écrivains qui décident de déplacer le récit vers la réception de la lecture à haute voix : ils proposent une description en mouvement de la collectivité saisie par l’émotion, donnant paradoxalement à entendre ce qu’il y a de proprement immatériel et éphémère dans la performance poétique.

Eighteenth-century performances of verse reading were the subject of written reports by contemporary authors attempting to immortalize and share those sublime moments. However, can the oral material be rendered through writing only, while the reader’s stage presence and action must remain elusive? Is there an optimal way to “put on the air” (Jacques Wagner) the written word in order to make the poetic performance heard? Among the amateurs of such performances, many have tried to write down their experiences by proposing a refined analysis of the reader’s voice, its timbre, its ambitus, or its vocal power. Some, like Grétry, went so far as to convert the experience of poetic reading into musical notation accompanied by prose comments. Others preferred to set up strategies of compensation or detour. Accepting the limitations of written language when it attempts to account for the spoken voice, some opted for the citation of fragments they had heard. Wouldn’t it be better, however, to sacrifice an objective account and allow the language to unfold its poetic power in order to render not only the letter of the performance but the spirit? This was the choice made by some writers who decided to move the narrative towards the reception of the reading aloud: they propose a vivid description of the community seized by emotion, paradoxically giving to hear what is properly immaterial and ephemeral in the poetic performance.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en