De quoi la tolérance est-elle le nom ? Questionner le modèle émirien de « ville inclusive »

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22 octobre 2021

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Hadrien Dubucs, « De quoi la tolérance est-elle le nom ? Questionner le modèle émirien de « ville inclusive » », Espace populations sociétés, ID : 10.4000/eps.11547


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Les grandes villes des Émirats arabes unis (Dubaï et Abu Dhabi) constituent un cas d’étude intéressant pour analyser les rapports à l’altérité en ville et la tension entre inclusion et exclusion urbaine des minorités. D’un côté, les étrangers, majoritairement des travailleurs peu qualifiés et qui comptent pour 90% de la population, se heurtent à un modèle non intégratif d’un point de vue civique et politique. D’un autre côté, le pays s’est attaché depuis une vingtaine d’années à construire une image de « tolérance » qui affiche une non-discrimination vis-à-vis des communautés ethniques, religieuses et nationales. L’article analyse comment le concept très plastique et abstrait de tolérance se traduit en termes de politiques urbaines, en particulier dans son articulation avec le concept de « ville inclusive », censé être plus précis et opérationnel. L’analyse conceptuelle est complétée par une étude empirique, issue de trois années d’enquêtes et d’observations, portant sur le cas particulier des travailleurs sud-asiatiques peu qualifiés dans les espaces publics d’Abu Dhabi. L’analyse de leur présence, de leurs pratiques et de leurs interactions avec d’autres usagers permet de discuter de manière critique l’image d’une ville tolérante, en mettant au jour des formes d’exclusion et d’invisibilisation qui reposent notamment sur les temporalités, les spécialisations microspatiales, ou encore des formes implicites de régulations. Au final, l’analyse des traductions urbaines de la notion de tolérance tend à montrer que celle-ci est à la fois fragile, du point de vue de la pérennité des espaces où elle est effectivement mise en œuvre, et minimale, du point de vue de son acception conceptuelle.

Abu Dhabi and Dubaï, the two largest cities in the United Arab Emirates, epitomize the otherness as an urban issue, and the tension between inclusion and exclusion of minorities. On one hand, foreigners – mostly low skilled workers- account for nearly 90 percent of the population and are officially prevented from accessing citizenship or political participation. On the other hand, the country has been striving to present itself as « tolerant » over the last decades, in terms of non-discrimination against ethnic, religious or national communities. The article explores how the vague and abstract concept of tolerance is translated into urban policy, more particularly in terms of compliance with the « inclusive city » model, which is supposed to be more precise and operational. In addition to a conceptual analysis, the article discusses the empirical outcomes of a three years fieldwork, focusing more particularly on the case of South-Asian low skilled workers within Abu Dhabi’s public spaces. Based on the analysis of how they access and use these spaces and interact with other users, the paper discusses the image of a tolerant city, and highlights how these categories of habitants tend to be excluded and relegated by specific temporalities, social norms and regulations of uses on a micro-scale. The urban translation of the concept of tolerance can eventually be analyzed as fragile, by occuring informally and temporarily, and incomplete, being far from encapsulating the whole meaning of the notion.

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