2 juillet 2020
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/0755-7809
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2104-3752
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Ian G. Baird, « Thinking about Indigeneity with Respect to Time and Space: Reflections from Southeast Asia », Espace populations sociétés, ID : 10.4000/eps.9628
La plupart des gens considèrent comme allant de soi qu’il est relativement facile de déterminer qui est autochtone et qui ne l’est pas. En effet, dans les Amériques et en Océanie, où se sont implantées d’importantes colonies de peuplement, les peuples autochtones sont généralement considérés comme les descendants de ceux qui habitaient ces espaces avant l’arrivée des colons blancs. L’Asie du Sud-Est, qui a moins été concernée par cette forme d’implantation, n’a toutefois pas moins été marquée par le colonialisme européen, rendant la question « qui est autochtone ? » beaucoup plus difficile à répondre. Cette question est par ailleurs contestée sur le plan politique, dans la mesure où tant les minorités ethniques que les populations majoritaires peuvent vraisemblablement revendiquer qu’ils sont autochtones là où ils vivent. Il est à cet égard symptomatique que, suivant ce que l’on connaît désormais comme la « théorie des eaux salées », la plupart des États en Asie du Sud-Est considèrent soit que leurs populations sont toutes autochtones, soit qu’il n’y a pas de peuples autochtones en leur sein. Aussi, de nouvelles conceptions globalisées de l’autochtonie circulent, s’hybrident et se mettent en place, bien qu’inégalement. Il est remarquable que les peuples autochtones tendent désormais à être conceptualisés en tant que « peuples colonisés », davantage que comme simples « peuples premiers », dissociant ainsi partiellement l’autochtonie de l’espace et du temps. Dans cet article, je soutiens que les idées associées à l’autochtonie sont en perpétuel changement et se trouvent mieux prises en compte sous l’angle du temps et de l’espace, concepts servant de fondement aux affirmations relatives à qui est autochtone et qui ne l’est pas.