11 février 2011
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David Criekemans, « Réhabilitation et rénovation en matière de pensée géopolitique », L’Espace Politique, ID : 10.4000/espacepolitique.1723
La prise en compte de la question des représentations en géopolitique n’est pas aussi récente qu’on le croit en France. Aux Etats-Unis, la « révolution béhavioriste » a, dès le lendemain de la Seconde guerre mondiale, généré une nouvelle école, celle de la Cognitive Geopolitics, qui intègre les enseignements des sciences du comportement. Il s’agit, désormais, de considérer avec Kenneth Boulding (Boulding, 1971) que : « les gens dont les décisions déterminent les politiques et les actions des nations ne répondent pas aux faits « objectifs » de la situation...mais à leur « image » de la situation. C’est la façon dont ils pensent le monde, non pas ce qu’il est en réalité, qui détermine leur attitude ». Mais les initiateurs de la démarche sont Harold et Margaret Sprout, et il convient de rappeler ici l’importance de leur apport. Selon eux, la réalité du monde est un complexe formé par un réel matériel et par une multitude de représentations qui relativisent le premier. C’est pourquoi ils distinguent pour chaque acteur, entre un environnement opérationnel et un environnement psychologique. Pour les auteurs constructivistes qui participent au courant de la Critical Geopolitics, tout se joue au niveau du second type d’environnement, mais avec une double particularité. La première, négative, est qu’ils perçoivent dans l’environnement psychologique des éléments culturels et politiques susceptibles d’amener les acteurs à de rechercher une transcendance dans l’espace matériel. Ce qui serait le défaut majeur de la géopolitique à la Mackinder. La seconde, positive, est que cet environnement est également intersubjectif, et que par conséquent les acteurs, qui construisent la réalité, sont en mesure de l’amender et de la normativiser. Au final, en combinant les suggestions des deux courants précédents aux apports des autres écoles de pensée, il nous semble possible d’envisager une géopolitique compréhensive.