26 octobre 2011
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Anna Greissing, « 50 ans d’histoire du projet JARI : d’un grand projet contesté à un modèle d’éthique entrepreneuriale ? », L’Espace Politique, ID : 10.4000/espacepolitique.2118
Située aux confins de l’Amazonie brésilienne, la région du Jari a été peuplée jusqu’au milieu du XXe siècle exclusivement par de petites communautés dispersées dans la forêt et vivant de l’extraction des ressources naturelles (caoutchouc, noix du Brésil). L’arrivée, en 1967, de l'entrepreneur Américain D.K. Ludwig, invité par le gouvernement militaire de Geisel à « mettre en valeur » une partie de l’Amazonie brésilienne, provoque un important bouleversement régional : au milieu d’une forêt tropicale intacte, il met en œuvre un énorme projet de développement économique fondé sur l’exploitation minière (kaolin) et plusieurs activités agroindustrielles à grande échelle (riz, élevage), notamment la production de cellulose sur base de monoculture. Socialement contesté et économiquement non rentable, le « projet Jari », fonctionne néanmoins jusqu’à nos jours, revendiquant une propriété de plus de 1,2 millions d’hectares dans la région du Jari. Cependant, le projet du XXIème siècle s’est développé d’une entreprise critiquée pour son « gaspillage en ressources humaines et naturelles » dans une firme moderne et hautement technisée qui englobe plusieurs activités certifiées par le FSC (papier, cellulose, et exploitation de la forêt tropicale). D’ailleurs, la nouvelle gestion à la tête du projet depuis 2000 (le groupe Orsa, une holding pauliste) se caractérise par un modèle de management innovateur, basé sur les prémisses du développement durable et inspiré par les idées de responsabilité sociale et environnementale des entreprises (RSE). Ainsi, la nouvelle gestion Orsa a en effet réussi non seulement à rentabiliser le projet, mais aussi à atténuer les contestations sociales et politiques suscitées par ses impacts négatifs et à transformer une partie de son passif socio-environnemental en atout économique. Pour cela, et afin de répondre aux contradictions du développement économique provoquées par l’affrontement entre agrobusiness et extraction traditionnelle de ressources de la forêt, le groupe a crée une Fondation interne censée à concevoir et à mettre en place de projets locaux de développement social et économique avec et pour les populations locales. Cet article discute le potentiel mais aussi les limites de la RSE comme stratégie clef pour une gestion territoriale de l’entreprise au XXIème siècle, en la replaçant dans l’évolution historique de la région.