10 décembre 2019
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Dijana Metlić, « Stanley Kubrick and Hieronymus Bosch: In The Garden of Earthly Delights », Essais, ID : 10.4000/essais.633
En 1999 parut le dernier film de Stanley Kubrick, Eyes Wide Shut, adapté du livre d’Arthur Schnitzler, La Nouvelle Rêvée, publié en 1926. Le réalisateur explore la relation entre le riche docteur Bill Harford et sa magnifique femme Alice, qui bouleverse leur harmonie conjugale par inadvertance lorsqu’elle avoue avoir envisagé une relation adultère. Dans cet article, nous envisageons Eyes Wide Shut à l’aune du grand triptyque de Jérome Bosch, Le Jardin des délices, peint au début du XVIe siècle, cadeau de mariage pour Henri III de Nassau-Breda. Cette œuvre complexe devait servir de miroir nuptial, un guide pour parvenir à un mariage réussi, et d’étude quant à ses avantages et ses dangers. De même, nous considérerons l’œuvre de Kubrick comme un film essentiellement intime explorant la sécurité de la vie de famille et les dangers pesant sur le mariage dans un monde aux tentations multiples. Nous interpréterons Eyes Wide Shut à l’aide de trois scènes du chef-d’œuvre de Bosch. La vie harmonieuse que connait le couple dans son appartement paradisiaque et sa perturbation suite à la confession d’Alice sera mise en parallèle avec le panneau gauche de l’œuvre de Bosch, Le Paradis et la création d’Ève. Le panneau central (L’humanité avant le déluge) et le panneau de droite (L’enfer) permettront d’interpréter la séquence de Somerton, le récit du rêve complexe d’Alice ainsi que le cycle des tentations de Bill, qui évoquent les dangers d’un amour séculaire et les risques de succomber aux désirs charnels. Grâce à l’étude des contenus narratifs et des styles visuels de ces deux œuvres, nous analyserons la façon dont Bosch et Kubrick élaborèrent chacun une vision du monde didactique et morale, ainsi que leur capacité à tirer profit de leur expression artistique unique pour divertir les spectateurs tout en les instruisant quant aux possibilités de dépasser leurs faiblesses grâce à l’amour et à la tolérance.