24 février 2022
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Caroline Lequesne Roth, « Du biopouvoir à la Gorgone », Éthique publique, ID : 10.4000/ethiquepublique.6538
À l’heure de la numérisation de nos existences, la multiplication des systèmes algorithmiques de surveillance accélère ce que d’aucuns identifient, après Michel Foucault, comme l’expression paroxystique d’un « biopouvoir ». Cet avènement résulte de l’histoire elle-même du politique, intrinsèquement liée à celle des sciences et des techniques que la dernière décennie a contribué à accélérer. La technologie a offert au pouvoir des moyens, marquant la transition de la société disciplinaire foucaldienne vers la société du contrôle. Celle-ci se caractérise, outre par la saisie politique des corps et des esprits, dans le paradoxe de l’emprise sous consentement. Elle renouvelle en effet le contrat social en appelant à la proactivité du citoyen consommateur, dans le trompe-l’œil ce celui-ci. Si la puissance publique demeure le lieu d’exercice privilégié de ce biocontrôle, force est de constater qu’il n’en est plus le détenteur exclusif. La position dominante et globale acquise par les géants du numérique projette sur nos sociétés les nouveaux visages du pouvoir : du Léviathan à la Gorgone. Cette redistribution participe également du renouvellement du contrat social : sous l’effet de la standardisation technique qu’ils opèrent, ils s’imposent comme les nouveaux « points de contrôle » , au mépris voire au péril de nos démocraties.