18 juillet 2014
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Patricia Pellegrini et al., « Qu’est-ce qu’une « race animale pure » ? », Revue d’ethnoécologie, ID : 10.4000/ethnoecologie.1680
En France, les travaux sur l’élevage des animaux domestiques émanant de diverses disciplines (anthropologie, sociologie, histoire, zootechnie, etc.) utilisent très largement la notion de « race animale ». Toutefois, peu d’études se sont penchées sur les modalités techniques de la construction d’une race. À l’aide de l’exemple de la race bovine bordelaise, considérée comme disparue après la dernière guerre mais en cours de reconstitution depuis les années 1990, l’optique de cet article est de retracer la manière dont le cheptel a été constitué en race, son standard défini et modifié au cours du xixe siècle. L’objectif est de mettre en relief que les concepts de « race animale » et de « race pure » - au-delà du sens commun qui nous incite à voir l’homogénéité de ces groupes comme résultant de l’adaptation « naturelle » des animaux à la fois au milieu et aux pratiques humaines - masquent en fait tout un travail minutieux et délibéré de sélection. À travers notamment le système des coefficients appliqués aux critères de sélection qualitatifs et quantitatifs, la physionomie des reproducteurs de la race est modifiable à volonté. Poussé à l’extrême, le processus d’évaluation et de sélection des individus entraîne l’inadaptation de la race et sa disparition.