9 septembre 2022
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Anne-Florence Quaireau, « The Trap of Visibility? », Revue d’études benthamiennes, ID : 10.4000/etudes-benthamiennes.10015
L’étude de Sara Mills portant sur les récits de voyage féminins, Discourses of Difference (1991), fortement foucaldienne, a marqué un tournant dans le champ des études viatiques. Alors que ces récits étaient auparavant considérés comme des témoignages de situations individuelles exceptionnelles, ils en vinrent à être analysés comme les produits de pressions discursives s’exerçant de manière similaire sur les voyageuses, qui s’efforçaient d’anticiper leur réception. Dans le prolongement de cette approche, cet article examine le panoptisme dans le genre du récit de voyage en montrant comment celui-ci, à l'intersection du plan matériel du voyage et du processus discursif de l'écriture, révèle l’intériorisation de la discipline et des relations de pouvoir. À travers l'analyse parallèle de trois récits de voyage féminins, Winter Studies and Summer Rambles in Canada (1838) d'Anna Jameson, A Lady's Life in the Rocky Mountains (1879) d'Isabella Bird et Travels in West Africa (1897) de Mary Kingsley, nous montrons comment les voyageuses jouent le jeu du genre, érigeant leurs vêtements en autant de signes du féminin à destination de leurs contemporains, dans des textes dont la forme autobiographique articule l'écriture de soi et son exposition au public. Nous analysons ainsi comment ces récits illustrent l'intersection de l'individuel et du social dans le façonnement de soi, et comment leurs auteures composent avec la surveillance dont elles font l’objet dans la représentation du genre.