9 septembre 2022
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Pierre Labrune, « ‘In this Light, then, or rather in this Darkness’ », Revue d’études benthamiennes, ID : 10.4000/etudes-benthamiennes.9957
Cet article réexamine l’interprétation que fait John Bender, dans Imagining the Penitentiary, des écrits fictionnels et juridiques d’Henry Fielding en prenant en considération le contexte religieux du XVIIIe siècle. Pour Bender, le fait que Fielding utilise des narrateurs omniscients s’éclaire quand on considère les écrits dans lesquels il demande une réforme de la procédure pénale et son souhait d’organiser tout type d’informations en séquences narratives. Bien que les analyses de Bender permettent de comprendre certaines innovations formelles de Fielding, elles tendent à passer sous silence la détestation de ce dernier pour le méthodisme ainsi que les conséquences qu’elle a eues sur ses romans, ses parodies et ses satires. Contrairement à Samuel Richardson, qui a recours aux préfaces et aux interventions auctoriales pour s’assurer que le sens moral de ses romans est bien compris, Fielding utilise les préfaces et les narrateurs intrusifs pour souligner la fictionalité de ses écrits et pour être à la fois plus transparent et plus opaque quant à ses propres pratiques d’écriture. Les revendications de fictionalité visent à détruire l’illusion d’une authenticité narrative. Fielding rapproche souvent cette illusion (qui peut facilement devenir hypocrisie) du méthodisme et de Pamela. La fictionalité contribue toutefois à donner plus de liberté et de responsabilité au lecteur. Si les romans de Fielding s’inscrivent dans la ‘naissance du pénitencier’, ce n’est pas tant parce qu’ils font de leur narrateur un juge mais plutôt parce qu’ils organisent la disparition de l’auteur grâce à la perfection de l’architecture narrative.