Déchirures et rumeurs

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8 avril 2011

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En 2002-2003, une crise liée à des accusations de sorcellerie eut lieu à Muidumbe, district du nord du Mozambique et berceau de la lutte de libération nationale. Des lions attaquaient et dévoraient les paysans dans les zones de production agricole, chaque nouvelle d’une attaque déchaînant une chasse au sorcier meurtrière dans les villages « communaux ». Les rumeurs qui alimentaient la violence concernaient notamment l’existence d’une société secrète – sur le mode de celles documentées ailleurs en Afrique pendant la période coloniale –, se déguisant à l’aide de peaux et pattes et tuant pour enlever et revendre des organes. La crise donna lieu à une ébauche d’émeute politique, dans laquelle des jeunes s’en prirent à l’ordre constitué, mettant en scène des inversions symboliques. Il est possible de relier cette crise à des phénomènes sociaux plus larges, telles que les rumeurs globales concernant zombies, vampires et le trafic d’organes ; l’émergence de nouveaux paradigmes locaux de la sorcellerie ; le « malaise d’émasculation » des jeunes générations dans le contexte néo-libéral. Dans la lecture que je fais de cette crise, elle renvoie à l’articulation locale du projet révolutionnaire de construction de la nation socialiste mozambicaine, à la formation historique des subjectivités de ses pionniers, et notamment à l’incorporation de dispositifs idéologiques paradoxaux.

Lacerations and Rumours. Witch-hunting and the Ideological Legacy of the Socialist Revolution in Mozambique (Muidumbe, 2002-2003). – In 2002-2003, a crisis connected to accusations of sorcery took place in Muidumbe, a rural district of Northern Mozambique, being the cradle of the Struggle for Liberation. As lions attacked and devoured people in the zones of agricultural production, the news of the killings unleashed deadly witch-hunts in the “communal villages” of the district. The violence was fuelled by rumours concerning the existence of a secret society (similar to those acting elsewhere in Africa in the colonial era) whose members disguised themselves with lion skins and paws, and killed in order to obtain and sell organs. The crisis culminated with a political uprising, in which the young people defied the social order through witch-killings and symbolic inversions.  This crisis can be connected to broader social phenomena, such as global rumours concerning zombies, vampires and the traffic of organs, the emergence of new local paradigms of sorcery, the “syndrome of emasculation” of African youth in the neo-liberal context. In this paper, I read this crisis as pointing to the local articulation of the revolutionary project of nation building in Mozambique, to the historical process of subjectivation of its pioneers, and specifically to the embodiment of double-binding ideologies.

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